Les Insultes

© Hergé/Moulinsart 


Armand

et Archibald

ont échangé des noms d'oiseaux.

Maintenant qu'ils sont réconcilliés, retrouvez qui a dit quoi !

Sources : 

Us et Coutumes à bord des longs-courriers - Armand Ht

L'intégrale des jurons du Capitaine Hck - Albert Algoud

Vous trouverez les solutions plus bas

1/ Belle dame à chapeau à plumes

© Hergé/Moulinsart 

2/ Lieutenant de cage à poules

3/ Mille millions de mille sabords

4/ Bouchon gras

5/ Amiral de bateau-lavoir 

© Hergé/Moulinsart 

6/ Armée à Bourbaki

7/ Servante à Pilate

8/ Forban

9/ Marin d'eau douce

10/ Crasse de meule

11/ Cul-terreux

12/ Négrier

13/ Tonnerre de Brest


Et voilà les réponses



1/ Belle dame à chapeau à plumes : Armand

Cette insulte s'adressait de préférence aux débutants encore délicats et un peu douillets : "Comment, vous hésitez à mettre vos mains dans cette si belle moque de goudron ? En voilà une Jeannette ! Une belle dame à chapeau à plume que vous êtes !"

Ce n'était pas très méchant, mais tout de même assez vexant, d'être traité en public de "belle dame" quand aux alentours de ses 16 ans on se croyait déjà un homme de mer !


2/ Cage à poules : 

Armand

Etre une cage à poules, c'était représenter une sorte d'objet encombrant et inutile à bord d'un bateau. Installées sur le pont, elles empiétaient sur le lieu de repos des marins. Mais pourquoi les cages aux cochons, tout aussi encombrantes et malodorantes n'ont-elles pas été retenues par les matelots comme terme de comparaison désobligeant ?

Très probablement parce qu'elles ne leur apparaissaient pas inutiles comme ces dernières, la coutume voulant que l'équipage eût sa part du cochon, alors que les poulets étaient exclusivement réservés à la table de l'état-major.


3/ Mille millions de mille sabords : 

Archibald

Ouverture quadrangulaire pratiquée dans la muraille des vaisseaux de guerre et servant de passage à la bouche des canons. Mille sabords est un juron familier du Capitaine Haddock, qu'il emploie constamment en le multipliant à l'infini au gré de ses colères inépuisables. Elle était facile celle-là.


4/ Bouchon gras : 

Armand

Ce surnom aimable et imagé, ainsi que ses synonymes : Pieds noirs, ou Marin d'escarbilles, ont été octroyés dès l'apparition des bateaux à machine, aux soutiers et chauffeurs enrobés de noire poussière et peinant dans le charbon, à décrasser les foyers. Pauvre monde ! disait le matelot de la Mâture, que ces équipages de bateaux à cheminée et à tournebroche !



5/ Amiral de bateau-lavoir : 

Les deux

Un bateau-lavoir est un bateau aménagé pour laver le linge et certainement pas équipé pour les traversées océaniques. On peut donc douter des aptitudes marines de son commandant.

Armand Hayet emploie cette expression dans sa conférence "Les gens de mer"


6/ Armée à Bourbaki : 

Armand

Depuis la guerre de 1870, une nouvelle insulte a été ajoutée. Quand une bordée manoeuvrait gauchement, mollement ou en désordre, c'était "l'armée à Bourbaki". Et Bourbaki, c'était un général de biffins qui était toujours à la traîne et qui mettait la pagaille partout... Cependant, nous entendions fréquemment le Maître gronder ainsi après un solitaire maladroit :

- C'est comme ça que tu travailles ! sacrée maudite armée à Bourbaki !"

Et l'armée à Bourbaki, composée d'un seul soldat, tachait de faire mieux...


7/ Servante à Pilate : 

Armand

Il suffisait qu'un pilotin, un novice ou un mousse laissât échapper de ses mains un bout de filin, qu'il étoilât le pont d'une demi-goutte de peinture, bref, qu'il commît involontairement d'ailleurs la plus infime maladresse, pour qu'il s'entendît aussitôt qualifier de "Servante à Pilate, qui ne se plait que dans le mal..."          


8/ Forban : 

Archibald

Le forban était un pirate qui entreprenait une expédition armée sur mer pour son propre compte. Par extension, forban est un terme qui désigne un individu sans scrupules.

Vous noterez qu'Armand Hayet l'emploie également, notamment dans sa conférence sur les négriers : "quelques forbans, quelques pirates, qui finirent leur existence mouvementée à bout de basse vergue..."  


9/ Marin d'eau douce : 

Archibald

Les marins du style du Capitaine Haddock ne supportent pas l'eau douce, que ce soit pour la boire ou pour y naviguer ! Marin d'eau douce est donc la pire insulte qu'on puisse lui adresser !

Le capitaine Hayet, lui, fait l'éloge de l'eau douce dans son article : Eau douce, ce trésor, tiré d'Us et coutumes à bord des long-courriers. Ce n'est donc certes pas une expression qu'il aurait employée. ("C'est bien rarement que j'ai entendu à bord traiter un jeune ou un mauvais marin de "marin d'eau douce". Ce sont les terriens qui usent de cette épithète malsonnante et déplacée".)

Il existait toutefois sur les navires à voiles, une insulte similaire : "Marin de petit bateau". Il faisait référence à l'enfant terrien qui faisait flotter et chavirer son jouet sur l'eau douce des bassins publics ou sur les flaques salées laissées par le jusant dans les creux de roches. C'était féroce !


10/ Crasse de meule : 

Armand

Plus sérieux que Estrasse, ou Fatras, - car le fatras de toute une campagne pouvait être vendu au brocanteur pour une dizaine de francs - il est indiscutable que le résidu, la vase nauséabonde qui finit par garnir le fond de l'auge de la meule à affûter du charpentier, était sans valeur aucune et tout juste bonne à être jetée à la mer. Une "crasse de meule" était donc un pitoyable bonhomme dont il était impossible de rien tirer de bon.


11/ Cul-terreux : 

Armand

Il était normal que le lourdaud du bord, l'incapable, l'homme totalement dénué de sens marin, soit identifié à un travailleur de la terre, ignorant tout de la mer et des marins. Cette insulte était relativement peu usitée sur nos voiliers, sans doute par une sorte de respect ... intermittent pour le cultivateur dont tous les hommes reconnaissent et admirent les vertus de travail, d'endurance et de sagesse à terre.

Prendre une lune à l'eau pour un navire en flammes

Pour un Vaisseau du Roi, prendre un Anglais infâme

Une terre de beurre pour un cap véritable,

Pour signe de beau temps le calme redoutable,

Prendre une aube du ciel pour l'emblondie d'un feu

N'est pas de matelot, mais de vrai cul-terreux !


12/ Négrier : 

Archibald

Le négrier était la personne qui faisait la traite des nègres, le navire qui servait à ce trafic de chair humaine et le capitaine qui commandait ce bâtiment. Pour Haddock comme pour tous, le commerce négrier représente l'absolu dévoiement des idéaux de la marine marchande. Avez-vous lu la conférence d'Armand Hayet sur les négriers ?


13/ Tonnerre de Brest : 

Archibald

Déjà citée dans Sodome et Gomorrhe de Marcel Proust, cette expression très employée par le Capitaine Haddock ne laisse pas d'intriguer.

Dans la rade de Brest, les orages, lorsqu'ils se déclenchent, n'y sont pas plus virulents que dans le reste de la Bretagne. Alors pourquoi Tonnerre de Brest ?

Construit en 1750, au centre de l'Arsenal, le bagne de Brest laissait peu d'espoir d'évasion aux prisonniers. En effet, dès qu'un bagnard était signalé en fuite, le canon du bagne se faisait entendre et à ce signal qui retentissait comme un coup de tonnerre dans la rade, les paysans s'armaient et partaient à la recherche du fugitif, avec d'autant plus de célérité qu'une prime en argent récompensait la capture du fuyard.

Quant à savoir pourquoi, en 1698, le Capitaine François de Hadoque, ancêtre du capitaine Haddock, plus d'un demi-siècle avant la construction de ce bagne, s'exclame en apercevant le navire de Rackam le Rouge : "Rien à faire, Tonnerre de Brest ! Ils nous gagnent de vitesse !', voilà qui peut relancer la polémique auprès des étymologistes, des philologues, des tintinologues et des historiens de la marine les plus éminents...

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